Click here for the English translation that was published in Tank magazine in 2006.

Quand j’étais petit, je voyais des monstres partout : sous mon lit, au jardin, enfermés dans les placards, même dans le frigo – un monstre avec une grosse fourrure, bien sûr. De plus, il y avait des véritables monstres : le méchant professeur, le voisin qui me quittait de sa pelouse. Ma sœur, en fait, avait aussi l’air d’un monstre. Cependant, petit à petit, les monstres qui m’avaient accompagné pendant la vie ont commencé à disparaître. J’ai grandi, j’ai mûri (seulement un peu), et j’ai perdu la capacité de voir des monstres. J’avoue que j’ai failli les oublier complètement. Mais ce soir, quand je t’ai vue, quand je t’ai regardée dans les yeux, la tendresse et l’espoir, ton sourire rayonnant, le désir et le besoin, et surtout tes gestes mignons qui exprimaient la futilité. Bien sûr, je me souviens de tout ce que j’avais oublié. Tu sais même comme moi : l’amour est aussi un monstre.